Les 4 commandements du performance hacker
Les motivations collectives du performance hacker, le respect absolu de ses pairs et le rayonnement de bénéfices observables : ces trois principes déterminent la légitimité et la qualité d’un hack que l’entreprise doit encourager ou laisser faire.
Le performance hacking ou la densité méthodologique qui conjugue tactique, organisation et technologies
Ici, on défend la « Démarche agile », là on privilégie les « Process Owner » , plus loin on s’approprie le « sprint design » ou encore le « Minimum Value Product ». Bien sûr vous les entendez : au-delà de ces nouveaux mots, ce sont de nouveaux comportements et de nouvelles démarches qui, portés par les vagues de l’acculturation numérique, s’implantent au coeur de l’univers Corporate. Gisement de performance supplémentaire, révélateur de talent, accélérateur de transformation : dans une modernité business où l’aptitude à saisir les opportunités est décisive, l’imaginaire du hack, de l’embardée en solo ou en petite équipe autonome pour relever un défi, s’impose désormais comme le modèle à cultiver pour nombre d’entreprises.
Le performance hacking, une invitation à la transgression
On voit poindre le défi que représente immanquablement un performance hacker pour son management. D’un côté, l’organisation a pour fonction fondamentale de réguler, de cadrer, de déployer feuille de route et arbitrages budgétaires. De l’autre, elle doit désormais encourager la prise d’initiatives, libérer les potentialités, accepter de ne pas tout maîtriser pour son propre bénéfice. Le performance hacking se fonde sur le principe selon lequel un individu choisit d’agir en outrepassant momentanément les procédures de son entreprise. Comment en tant que manager faire dès l’origine le distinguo entre les initiatives salutaires et celles qu’il faut empêcher, entre la subversion créatrice de valeur et celle qui n’engendrera que ressentis et déception, entre ce qui échoue et ce qui constituera l’origine de nouvelles performances ? 4 grandes valeurs structurent et légitiment la démarche d’un performance hacker. C’est à leur lumière qu’une telle dynamique peut être jugée. Elles se fondent sur la transposition des principes du « white hat hacking » au management d’entreprise.
Une aspiration : rechercher la performance globale
La première grande valeur du performance hacking réside dans l’examen des intentions du performance hacker : il vise à améliorer la performance de son entreprise, et ce, dans toutes ses acceptions : cohérence stratégique, rentabilité, parts de marché…
Au service de la raison d’être de son entreprise, le performance hacker agit seul ou en équipe réduite, mais c’est toujours au bénéfice de son organisation. En véritable intrapreneur, il sait lorsque c’est nécessaire, faire appel à un mentor qui dispose d’une vision globale de l’entreprise, et pourra re-légitimer sa démarche. Quelle amélioration de la performance de l’entreprise ? Voici donc la première question qu’un manager doit se poser face à l’initiative d’un Corporate hacker.
Un principe : respecter ses pairs
En corollaire, la deuxième valeur cardinale du performance hacking est la loyauté. Ce principe directeur doit accompagner le hacker tout au long de sa mission : s’il bouscule momentanément l’ordre établi de l’entreprise, il ne doit en aucun cas nuire aux individus qui la composent. Pour prendre le chemin le plus court vers l’innovation, le performance hacker doit s’affranchir de certaines procédures. Si les personnes concernées sont contournées le temps du hack, il est indispensable que leur rôle au sein de l’entreprise se trouve re-légitimé au terme d’une telle initiative. Le performance hacker prend de vitesse. Il n’écarte pas.
Un objectif : des résultats tangibles
Ultime valeur fondatrice du performance hacking : la mesure ! Dans un hack, le gain doit être mesurable et mesuré ou à défaut tangible. Adoption d’un nouvel outil, mise en place de rituels originaux, innovation technologique, en apportant la preuve par l’exemple, le performance hacker doit mener son environnement à désirer cette nouvelle manière de travailler. En tant que rôle modèle, il permet à chacun de comprendre qu’on peut aller plus vite, faire plus simple, agir plus efficacement. En ce sens, le performance hacking a un effet potentiellement démultiplicateur : un hack ne permet pas une amélioration incrémentale de la performance, mais un saut quantique, s’inscrivant dans la durée, et qui fera référence.
Un motto : la conscience du risque
Les motivations collectives du performance hacker, le respect absolu de ses pairs et le rayonnement de bénéfices observables : ces trois principes déterminent la légitimité et la qualité d’un hack que l’entreprise doit encourager ou laisser faire. Un ultime élément structurant mérite enfin d’être rappelé : la conscience du risque. Le performance hacking n’est pas une philosophie de l’aléa. Si le risque est souvent constitutif d’un hack, il n’y a pour autant pas de place à la roulette russe.
En bref, le performance hacker choisit d’agir pour le bien de son entreprise, sans sacrifier personne sur son passage. Il avance sans fragiliser, désobéit sans nuire, contourne sans mettre en danger. Par-dessus tout, le performance hacker a conscience du plus grand de tous les risques : celui de ne rien faire.
Paul Strippe
Directeur Général d’Axys Consultants
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Cet article a été initialement publié dans Cadre et Dirigeant Magazine.