[Interview] Fabrice Frossard « A ce jour, le marketing est sans doute la fonction qui a pris le plus d’avance dans l’utilisation de l’IA »
Suite de nos interviews liées à notre étude menée sur l’impact de l’intelligence artificielle sur la fonction RH. Fabrice Frossard, fondateur de « Faber Content » et expert en Content Marketing, nous apporte sa vision.
A ce jour, le marketing est sans doute la fonction qui a pris le plus d’avance dans l’utilisation de l’IA
1 – L’IA s’impose peu à peu dans tous les secteurs d’activité, dans votre entreprise, parmi vos clients et partenaires ressentez-vous une accélération du développement de l’IA ou plutôt une certaine frilosité ? Dans quels domaines le développement de l’IA vous semble-t-il le plus avancé (marketing, retail, RH, relation client, finance… ?
A ce jour, le marketing est sans doute la fonction qui a pris le plus d’avance dans l’utilisation de l’IA. Le besoin d’améliorer la relation client et de mieux adresser l’expérience client a donné la priorité aux métiers en relation avec le customer centric. Par ailleurs, plus que l’IA c’est le RPA qui semble être adopté par une majorité et ce afin d’automatiser quelques processus.
Il faut renforcer la formation et les accompagner pour négocier ce tournant. Dans ce cadre les managers vont avoir un rôle déterminant à jouer dans les prochaines années pour traiter ce sujet.
2 – Dans notre étude, 91 % des DRH estiment que l’IA va nécessiter une montée en compétences des collaborateurs. Partagez-vous cette opinion ? On entend souvent dire que l’IA va supprimer des emplois : pensez-vous que les formations sont un des outils qui vont permettre aux salariés de conserver leur emploi même si ce dernier doit évoluer ? Pensez-vous à d’autres outils que les formations (recrutement plus pointu, mobilité entre services…) ?
Oui, l’IA et la RPA vont à terme supprimer de nombreux emplois, il ne faut pas se voiler la face. Une partie des collaborateurs pourront certes se concentrer sur des tâches avec une forte valeur ajoutée., mais certains devront faire évoluer leurs compétences. Il faut renforcer la formation et les accompagner pour négocier ce tournant. Dans ce cadre les managers vont avoir un rôle déterminant à jouer dans les prochaines années pour traiter ce sujet.
3 – 83 % des DRH déclarent qu’ils seront garants de l’éthique pour la mise en œuvre de l’IA et 81 % plus vigilants quant aux conditions de travail et bien-être des salariés. A votre avis la robotisation, l’automatisation des tâches … sont-elles plutôt bénéfiques ou négatives pour les salariés ?
La technologie est neutre. C’est leur utilisation par l’entreprise qui déterminera l’aspect positif ou négatif. En ce sens elles sont le catalyseur de la culture de l’entreprise.
Pour le sens au travail, ce n’est pas l’IA qui donnera plus de sens, mais la culture de l’entreprise au sens large. Si l’entreprise a une véritable vision, un chemin avec un objectif partagé par tous les collaborateurs, le travail fera sens.
5 – 77 % des DRH estiment que l’IA va redonner du sens au travail. Grâce à l’automatisation, les tâches répétitives seront diminuées voire supprimées. Partagez-vous cette opinion ? La question du « sens au travail » est récurrente, pensez-vous que l’IA pourra redonner du sens au travail et quels seraient les autres pistes de réflexion (plus d’autonomie pour les salariés, plus de responsabilisation, plus d’explication de la finalité des tâches, un meilleur salaire … ?)
Oui pour l’automatisation, tout ce qui peut l’être le sera. Par définition les tâches répétitives sont automatisables, dès lors qu’elles obéissent à un pattern bien identifié. Pour le sens au travail, ce n’est pas l’IA qui donnera plus de sens, mais la culture de l’entreprise au sens large. Si l’entreprise a une véritable vision, un chemin avec un objectif partagé par tous les collaborateurs, le travail fera sens.