Reporting CSRD : pourquoi la mobilisation des RH est indispensable ?
Dans une récente enquête, l’ANDRH – Association Nationale des DRH rappelle l’importance de la mobilisation des RH dans la mise en œuvre de la CSRD dont les premières publications sont attendues dès 2025. Et révèle aussi la maturité encore limitée des directions RH sur ce sujet.
Si la mise en œuvre de la CSRD est généralement assurée par les Directions RSE voire de plus en plus par des équipes Finance durable, la Direction RH a un rôle indispensable à jouer pour répondre aux obligations de transparence et reporting liées aux ESRS S1 à S4 et soutenir les objectifs de durabilité de l’entreprise.
La CSRD comprend en effet des indicateurs sociaux portant sur les relations avec les employés, la diversité et l’inclusion, la rémunération, la santé et la sécurité des employés…. Tout un chapitre social qui constitue une part significative des ESRS et des « disclosure requirements ».
En premier lieu, la fonction RH doit contribuer à produire et reporter la donnée RH. Et la tâche va être ardue au regard de la diversité et du volume de données à collecter (près de 400 points de données quantitatives et qualitatives sur le seul volet social).
Pour gagner du temps et capitaliser, un des premiers travaux à engager est de procéder à une analyse des informations déjà disponibles dans les reporting extra-financiers existants (DPEF, bilan social,…). Néanmoins si certaines données sont déjà disponibles, rien ne garantit que celles-ci soient fiables. L’effort de collecte de la donnée doit s’accompagner d’un effort non moins conséquent de fiabilisation.
La fonction RH doit aussi jouer son rôle d’animateur des relations sociales. En effet, la mise en œuvre de la CSRD implique une discussion avec les parties prenantes dont les instances représentatives du personnel. Tout à la fois pour les consulter sur les risques RSE qui n’auraient pas été pris en compte que pour les sensibiliser sur les enjeux de durabilité.
Une analyse de double matérialité spécifique aux sujets RH s’impose de ce fait, qui doit alimenter en retour le chantier de collecte des données en relation avec les ESRS 1 à 4 (indicateurs sur le handicap, formation et développement, hygiène et sécurité, équilibre vie professionnelle/vie personnelle…).
La production de ce nouveau reporting extra-financier, plus contraignant et exigeant, n’est pas cependant une fin en soi. Le sens profond de la CSRD est d’être incitatif dans la mise en œuvre de plans d’action sur les différents enjeux de durabilité propres à l’entreprise. La fonction RH devra être moteur dans l’animation des actions en matière de diversité et inclusion, en matière de négociation collective, de bien-être des salariés etc. Et mettre à profit son expertise en gestion sociale et en transformation des organisations.
C’est aussi une opportunité pour la fonction RH de communiquer plus largement sur la politique de l’entreprise en matière de responsabilité sociale et d’en faire un argument d’attractivité à destination de futurs collaborateurs. Dans un contexte de recrutement sous tension, c’est un fait établi que de plus en plus de candidats (notamment les jeunes générations) accordent une importance particulière à la politique RSE de l’entreprise et que les entreprises qui communiquent sur leurs externalités positives sont celles qui vont marquer des points dans cette « bataille » du recrutement.
Avec ce nouveau cadre normatif qui rend demain plus simple le benchmarking des entreprises quant à leur performance sociale et environnementale, la fonction RH doit devenir leader de cette transformation en appui aux directions en charge de la RSE. Il s’agit d’un enjeu stratégique pour l’entreprise qui doit s’appréhender dès maintenant.
Fazil BOUCHERIT, Directeur Finance & Performance
Florent JOUANNY, Directeur Finance & Performance
Axys, cabinet de conseil avec une expertise forte sur la transformation de la Finance, vous accompagne dans la mise en place des nouvelles réformes réglementaires impactant la Finance (CSRD, Pillar 2, Facturation électronique).