RSE : et si la priorité des contrôleurs de gestion n’étaient plus les € ?

Actuellement, les entreprises sont confrontées à un environnement de plus en plus disruptif dans lequel elles doivent mieux gérer les risques et les opportunités.

Pour ce faire, les DAF et contrôleurs de gestion pilotent de près la trajectoire économique et financière de leurs entreprises à travers la mesure du Chiffre d’affaires, des coûts et de l’EBITDA.

Des indicateurs, des budgets et des forecasts ont été mis en place afin d’atteindre les objectifs à court, moyen ou long terme.

Des plans d’action sont actionnés en cas de dérive.

Les sujets environnementaux, longtemps réservés à des experts, sont devenus une priorité pour les entreprises. Elles vont devoir mesurer les impacts et les risques sur leur business model, mais également l’impact de leur activité sur l’environnement à travers la double matérialité.

L’Union Européenne souhaite encadrer et harmoniser les pratiques et méthodes sur la mesure des indicateurs extra-financiers.

Les directions financières vont donc devoir repenser leur rôle et leur pilotage à travers des indicateurs et des KPI RSE comme la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie.

Pour atteindre les objectifs fixés à travers les différents accords internationaux, principalement ceux de Paris 2015, les entreprises devront mettre en place des plans d’action et des objectifs ambitieux pour atteindre la neutralité carbone de 2050.

Des règlementations sur les reportings extra-financiers instaurées à travers 3 grandes étapes :

  1. La Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF)

=> Entrée en vigueur à compter des exercices ouverts le 1er septembre 2017.

=> Reporting extra-financier normé par la directive européenne NFRD de 2014

=> Environ 4 000 sociétés concernées (minimum 500 salariés avec un total de leur bilan est supérieur à 20 M€ ou un montant net de leur chiffre d’affaires supérieur à 40 M€)

=> Enrichissement de la DPEF en 2022 à la suite du Règlement « Taxonomie » de 2020

  1. La Taxonomie Verte

=> Référentiel commun permettant d’identifier les activités durables

=> Applicable depuis le 1er janvier 2022 aux entreprises soumises à la DPEF

=> 6 objectifs environnementaux : Atténuation du changement climatique / Adaptation au changement climatique / Protection de l’eau et des océans / Transition vers une économie circulaire / Prévention de la pollution / Protection de la biodiversité et des écosystèmes

=> 3 KPI à soumettre : CA, OPEX et CAPEX durables (uniquement pour les 2 premiers objectifs en 2022. Les 6 objectifs devront être déclarer en 2024 sur l’exercice 2023)

  1. La Corporate Sustainable Reporting Directive (CSRD)

=> Remplacement de la directive NFRD par la directive européenne CSRD

=> Le rapport de durabilité se substituera à la DPEF

=> Prise en compte des critères environnementaux et sociaux dans la valorisation financière de l’entreprise

=> Standardisation des KPI de durabilité avec une fréquence minimale annuelle pour mesurer l’évolution

=> Environ 50 000 entreprises concernées (minimum 250 salariés avec un total du bilan de 20 M € ou un chiffre d’affaires de 40 M €) pour une première déclaration prévue en 2025 sur les indicateurs de l’année 2024

Une mesure indispensable des indicateurs par les contrôleurs de gestion pour atteindre les enjeux environnementaux.

Avec ces nouveaux enjeux et ces nouvelles règlementations, les entreprises devront avoir une vision plus globale, qui n’est plus uniquement centrée sur les résultats financiers.

Le DAF et les contrôleurs de gestion auront un rôle important dans la définition et le suivi de ces indicateurs RSE qui deviendront aussi important que l’EBITDA.

Le niveau d’exigence de la production et diffusion d’indicateurs extra-financier est devenu de plus en plus important et concerne un panel important d’entreprise.

Il va donc falloir s’adapter rapidement pour atteindre l’objectif net 0 en 2050 dans un contexte de transition écologique qui peut s’avérer compliqué pour grande partie des entreprises.

Par conséquent, elles vont devoir mettre en place une stratégie, une gouvernance RSE et se doter d’une solution ITavec des données fiables et sécurisées pour suivre ces indicateurs. Les conséquences de ces nouvelles règlementations sont importantes afin de limiter le « greenwashing », pour communiquer sur des données fiables, pour améliorer les KPIs et pour atteindre les enjeux environnementaux.

Globalement les entreprises ne sont pas prêtes ou n’ont pas les ressources et compétences en interne.

Grâce à leurs expériences dans le pilotage financier, la définition et la production de KPI et l’aide à la prise de décision orientée vers les objectifs de l’entreprise, les contrôleurs de gestion ont un positionnement naturel pour accompagner les Directions Durables et les Directions Financières dans la mesure de ces indicateurs RSE afin d’atteindre les objectifs bas-carbone.

Les contrôleurs de gestion sont devenus essentiels dans le processus de pilotage de la performance des entreprises (financier, RH).

En étroite collaboration avec les directions RSE, ils pourront appliquer leur méthodologie pour le suivi des indicateurs RSE, à savoir :

  • La définition et le calcul des indicateurs durables
  • Le suivi à travers des prévisions/forecast et des budgets
  • Le calcul du ROI des investissements verts
  • Une aide à la prise de décision

Pour atteindre les objectifs 2050, les contrôleurs de gestion devront définir des objectifs à court terme et monitorer les prévisions budgétaires et les plans d’actions définis afin de sécuriser les objectifs.

En cas d’écart, des plans d’action devront être mis en place. Pour atteindre les objectifs de 2050, il est urgent de réduire nos émissions fossiles de 5% par an dès maintenant.

Au vu des enjeux, un recentrage de leurs activités et priorités doit-il être repensé ?

Faut-il spécialiser des contrôleurs de gestion uniquement sur les aspects environnementaux ?

Florent JOUANNY – Axys Consultants, Directeur Finance

A paraître prochainement : Une comptabilité intégrée pour mieux suivre les enjeux ESG !