L’éthique est il un critère de performance pour évaluer une IA ?


Fazil, pourriez-vous partager un moment décisif dans votre carrière qui a orienté votre intérêt pour l’IA et tout particulièrement l’IA éthique ?

« Depuis toujours je m’intéresse aux grandes transitions qui transforment l’économie et les modes de travail. L’intelligence artificielle représente une avancée technologique majeure, porteuse d’opportunités mais aussi de risques, surtout si elle échappe à toute maîtrise humaine. Les risques associés aux biais algorithmiques et leurs impacts (comme la discrimination) ont renforcé ma conviction que le progrès lié à l’IA doit impérativement rester aligné avec l’intérêt général et le respect des droits fondamentaux. »

« C’est pourquoi chez Axys je m’investis dans l’intégration des exigences éthiques dans les projets IA que nous menons chez nos clients. Nous avons d’ailleurs co-organisé avec HEC un événement officiel du Sommet mondial pour l’IA, dédié spécifiquement à l’IA éthique qui était un des 5 grands thèmes du Sommet, afin de sensibiliser le plus grand nombre et partager des bonnes pratiques sur ce sujet clé. »

Vous avez dirigé des études et événements liés à l’IA. Quelle tendance actuelle mérite selon vous plus d’attention de la part des entreprises du CAC 40 ?

« La promulgation récente de l’AI Act constitue de mon point de vue une évolution majeure. Elle acte que la question n’est plus simplement technologique : elle est désormais éthique, sociale, juridique. Ce texte appelle les entreprises, notamment les grands groupes, à anticiper des exigences de transparence, de gouvernance des données, de supervision continue mais aussi à structurer leur démarche de responsabilité autour de l’IA.


Au-delà de la conformité réglementaire, c’est un changement de paradigme qui s’impose : construire une IA digne de confiance, contrôlable, alignée avec les valeurs de nos sociétés démocratiques et a fortiori des entreprises elles-mêmes (le risque réputationnel est prégnant pour les grandes entreprises comme on a pu le voir avec Apple ou Amazon).


Pour les entreprises du CAC 40, cela signifie donc s’emparer pleinement de ces enjeux dès aujourd’hui : non seulement pour maîtriser les risques mais pour faire de l’IA un levier stratégique durable. »

Interview de Fazil BOUCHERIT Directeur chez Axys, réalisée par ia4business.