CSRD : Un Levier pour l’Engagement Collaborateurs et la Transformation Organisationnelle
L’introduction de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) représente une étape significative pour les entreprises dans l’évolution de la réglementation en matière de durabilité. Ce changement majeur n’affecte pas seulement les rapports financiers et extra financiers, mais a également des implications profondes sur la structure organisationnelle et l’engagement des collaborateurs. Cette directive devrait permettre une réelle prise de conscience des enjeux RSE et des plans d’action à mettre en place pour atteindre la neutralité carbone.
En effet, la CSRD offre une opportunité unique de renforcer l’engagement de tous les collaborateurs en intégrant les valeurs de durabilité dans la culture d’entreprise. La RSE et CSRD ne doivent plus être l’apanage de quelques personnes au sein de l’entreprise, mais bien le sujet de tout le monde. Précisément, tous les individus, du COMEX aux salariés, des achats aux finances, des commerciaux aux opérationnels, doivent contribuer au bien commun, de façon quotidienne avec des automatismes et des savoir-faire à acquérir. Pour cela, des actions concrètes et plans d’action doivent être mis en place afin d’améliorer l’engagement collaborateur :
Sensibilisation et formation
Que ce soit pour les PME ou les grands groupes, les entreprises vont devoir apporter des preuves de leur engagement et rendre des impacts concrets de leurs activités. Cette réglementation met tout le monde au diapason. Les entreprises vont donc devoir investir dans la sensibilisation et la formation de tous leurs employés pour s’assurer qu’ils comprennent les exigences de la CSRD et leur rôle dans la collecte et le reporting des données de durabilité. Les indicateurs, normés par les ESRS, sont riches et divers. Afin de les piloter et les améliorer, tous les salariés devront les comprendre l’impact de la RSE sur leur travail et connaître leur rôle attendu dans cette transformation vertueuse.
Inclusion et participation
En impliquant tous les employés dans le processus de mise en conformité avec la CSRD, les entreprises peuvent favoriser un sentiment d’ownership et d’engagement. En s’appuyant dans un premier temps, sur les collaborateurs les plus moteurs, cela engendra un effet de groupe et une meilleure coopération au sein de l’entreprise afin de se mettre en mouvement collectivement pour des futurs plus durables. Les nouvelles générations sont souvent très enclines à participer à des actions écocitoyennes. Les écogestes sont donc un levier fort pour embarquer les collaborateurs les plus jeunes au départ, pour ensuite les faire contribuer de façon plus globale.
Renforcement des valeurs de l’entreprise
En intégrant les principes de durabilité dans la mission et la vision de l’entreprise, les organisations peuvent renforcer les valeurs partagées et la cohésion d’équipe. Cela peut également aider à attirer et à retenir les talents, particulièrement ceux qui sont sensibles aux enjeux environnementaux et sociaux. La RSE et la CSRD peut permettre un rapprochement des valeurs individuelles et professionnelles.
Reconnaissance et récompenses
La mise en place de systèmes de reconnaissance et de récompenses liés aux performances en matière de durabilité peut également encourager les collaborateurs à s’investir davantage dans ces initiatives. Cela peut inclure des programmes de reconnaissance publique ou des opportunités de développement professionnel dans le domaine de la durabilité ou encore des redistributions vers des actions vertes ou des incitations financières.
Cette nouvelle directive CSRD oblige également les entreprises à analyser, détailler et éventuellement revoir la structure complète des processus internes et de la gouvernance. Elles doivent désormais intégrer des critères de durabilité dans leur stratégie globale, ce qui entraîne plusieurs ajustements organisationnels :
1. Création de nouveau métier : La mise en place de la CSRD nécessite la création de nouveaux postes spécialisés, tels que des responsables de la durabilité ou des équipes dédiées à la gestion des données ESG, des spécialistes de la conformité réglementaire, des contrôleurs de gestion RSE ou encore des experts en double matérialité.
2. Création de nouvelles fonctions et départements : Pour répondre à ces nouvelles compétences, les entreprises vont revoir leur organisation afin de prendre en compte la place plus importante de la RSE au sein de l’entreprise. Avec la CSRD, les sujets de durabilité sont maintenant intégrés dans la stratégie globale de l’entreprise, avec une attention particulière aux politiques de gouvernance.
3. Renforcement de la gouvernance : La CSRD impose des responsabilités accrues au niveau du conseil d’administration et des comités d’audit pour superviser les rapports de durabilité et assurer leur conformité. Accompagner les membres du conseil afin qu’ils possèdent les compétences nécessaires pour superviser ces nouveaux domaines sera également un accélérateur de transformation. La direction devra être exemplaire dans l’application des enjeux ESG. Les équipes RSE, Finance, Achats, RH, Risques et Audit et le Comex devront mettre en place des comités de suivi/pilotage afin de suivre les indicateurs et bien définir la stratégie de l’entreprise.
4. Révision des processus internes : Les entreprises seront amenées à revoir et à restructurer leurs processus internes pour intégrer la collecte, l’analyse et le reporting des données de durabilité. Cela inclut la mise en place de systèmes de contrôle interne robustes et l’intégration de nouvelles technologies pour la gestion des données.
5. Collaboration accrue avec les parties prenantes : Les entreprises vont renforcer leur engagement avec les parties prenantes, y compris les fournisseurs, les clients et les communautés locales, pour garantir que toutes les informations pertinentes sont collectées et rapportées. Cela peut inclure la mise en place des mécanismes de feedback ou des nouvelles politiques de diligence raisonnable. Ce dernier point est crucial dans le cadre de la CSRD et des normes ESRS car elle va permettre d’identifier, prévenir, atténuer et rendre compte des impacts négatifs potentiels ou réels qu’une entreprise peut avoir sur les personnes, l’environnement ou la société dans l’exercice de ses activités, y compris à travers sa chaîne de valeur.
La mise en œuvre de la CSRD représente donc un défi significatif pour les entreprises, mais offre également une opportunité unique de transformer leurs opérations et d’engager leurs collaborateurs de manière plus profonde. En adoptant une approche proactive et en intégrant les principes de durabilité dans tous les aspects de l’organisation, les entreprises peuvent non seulement se conformer aux nouvelles exigences réglementaires, mais aussi renforcer leur compétitivité et leur résilience à long terme.
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Delphine BOURGEOT, Associée & Florent JOUANNY, Directeur chez Axys