Reporting RSE : comment sélectionner et qualifier les meilleures sources ?
Avec la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et l’élargissement du périmètre d’application aux entreprises européennes et non européennes cotées sur un marché européen règlementé de plus de 250 salariés, l’information environnementale, sociale et sur la gouvernance (ESG) devient un marqueur de la performance économique des entreprises.
La mesure de la performance RSE renvoie au processus de pilotage, à la qualification des sources, la collecte et au pilotage des données, qui sont au cœur des préoccupations des entreprises et des écueils rencontrés.
- Alors que le pilotage et la mesure de la performance RSE, est la 4ème mission des directions RSE (91 % des répondants) seuls 31% des répondants disposent d’indicateurs matures, définis globalement et déclinés (selon le baromètre RSE Wavestone de 2022).
- D’après le baromètre RSE 2022 de la plateforme Vendredi, c’est 70 % des entreprises qui rencontrent des difficultés à mesurer l’impact de leurs actions RSE contre 64 % en 2021.
En effet, la RSE est un sujet complexe regroupant une multitude d’actions et de données de natures différentes à collecter (environnemental, social, économique, etc.) qui nécessite d’adopter une méthodologie structurée et de qualifier et sélectionner les bonnes sources de données sur les différents volets de la RSE.
Quelles sont les normes et quels sont les labels/certifications de la RSE ?
Pour aider les entreprises à mettre en place une stratégie RSE structurée, il existe diverses normes et cadres internationaux tels que :
- l’ISO 26000 ;
- le Global Reporting Initiative (GRI) ;
- les principes directeurs de l’ONU sur les entreprises et les droits de l’homme.
Ces normes fournissent des lignes directrices pour l’intégration de la RSE dans les activités commerciales. Par exemple, la norme ISO 26000 définit le périmètre de la RSE autour de sept thématiques : la gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local.
Les certifications et labels RSE offrent aux entreprises l’opportunité de mettre en valeur leurs engagements vis-à-vis des enjeux sociaux et environnementaux. Parmi les labels RSE généralistes, s’appliquant à toutes les formes d’organisation, on retrouve notamment le label LUCIE 26000 (premier label RSE en France), ou encore le label Engagé RSE de l’Afnor.
On distingue également plusieurs organismes de certifications : ECO CERT lequel octroie des certifications biologiques et écologiques aux intervenants des secteurs agro-alimentaire, textile, cosmétique, etc., B-CORP International qui attribue des certificats aux sociétés répondant à des critères exigeants en termes de gouvernance, de transparence et de responsabilité sociétale et environnementale.
Citons également ECOVADIS, un des organismes de notation de la RSE les plus importants avec un réseau mondial de plus de 75000 entreprises évaluées.
Comment définir une performance globale ?
Selon l’ADEME, la performance globale des entreprises doit permettre d’appréhender une organisation au-delà de sa performance économique. La performance globale représente une “agrégation de ses performances économiques, sociales et environnementales”. Cette performance globale est un moyen d’obtenir des indicateurs financiers et extra-financiers qui permettent de mesurer l’impact de la stratégie RSE.
Chaque organisation se doit donc de définir et cibler ses objectifs pour mesurer son impact RSE sur ces différents volets.
Quelles sources et comment mesurer la performance sociétale et de gouvernance ?
Sur le volet social, les principales mesures vont viser à lutter contre les risques psycho-sociaux, les discriminations, à promouvoir l’égalité hommes-femmes tandis que sur le volet gouvernance, il va s’agir de mettre en œuvre des procédures internes encadrées, de développer le dialogue avec les parties-prenantes pour une meilleure concertation, etc.
Les principales sources et données utilisées sont :
- Le questionnaire de satisfaction pour sonder les perceptions des salariés quant à leur environnement de travail. Ils peuvent aborder différentes thématiques, telles que la charge de travail perçue, les relations interpersonnelles, les opportunités de développement, etc.
- Les données issues des bases RH de l’entreprise : taux d’absentéisme, turnover, etc.
- Les audits sociaux et éthiques pour évaluer la conformité de l’entreprise aux normes sociales et éthiques. Ils peuvent englober des domaines tels que les conditions de travail, les droits des travailleurs, l’éthique des affaires, etc.
Quelles sources et comment mesurer la performance environnementale ?
Sur le volet environnemental, différentes actions peuvent être considérées comme par exemple, la réduction de l’empreinte carbone, la réduction de la consommation énergétique, l’isolation des bâtiments, etc.
Si on prend l’exemple de l’empreinte carbone, la mesurer n’est pas simple et requiert une analyse approfondie de différents aspects de l’entreprise. Il nécessite de définir et analyser les facteurs d’émissions pour déterminer la quantité de CO2 générée par une activité donnée. Il y a deux étapes à suivre pour calculer un facteur d’émission :
- analyser le cycle de vie d’un bien ou d’un service ;
- convertir ces résultats en équivalent CO2.
Quelles sont les principales bases de facteurs d’émissions ?
Les facteurs d’émissions sont calculés et répertoriés dans des bases de données, qui peuvent être fournies par différents types d’organismes. On distingue :
- Les bases publiques généralistes : Ces bases et l’accès au détail des facteurs d’émission est gratuit. Elles sont généralistes et couvrent tous types de secteur. En France, la base carbone de l’ADEME est riche de plus de 5 000 facteurs d’émissions. Il existe des équivalents à l’étranger comme aux Etats-Unis, le Greenhouse Gas Equivalencies calculator, proposé par l’Environmental Protection Agency (EPA)
- Les bases publiques spécifiques à un secteur d’activité : il existe aussi certaines bases publiques qui ne sont pas généralistes, mais spécifiques à un secteur d’activité. Ces bases sont plus précises que les bases généralistes et permettent une grille de lecture plus fine de l’impact des activités de l’entreprise. Par exemple, l’INIES concerne uniquement le secteur de la construction : l’empreinte carbone de différents types de béton y sera répertoriée et analysée, tandis qu’une base généraliste n’en recensera qu’un seul. De la même façon, Agribalyse s’intéresse uniquement aux produits agricoles et alimentaires.
- Les bases commerciales : ces bases sont développées par des organismes privés et sont payantes. Elles sont parfois plus détaillées que les bases publiques. C’est par exemple le cas d’ecoinvent qui recense près de 15 000 facteurs.
- Il est également possible de calculer ses propres facteurs d’émissions, à partir du cycle de vie des biens et services utilisés ou produits par l’entreprise. Réaliser sa propre base peut requérir l’accompagnement d’un expert pour se familiariser avec la collecte des données d’activité, leur traitement et le calcul des facteurs d’émissions. Mais cela permet d’établir un plan d’action très précis et adapté aux activités de l’entreprise.
Certaines entreprises font également le choix de se faire accompagner pour intégrer des données issues de bases généralistes publiques et privées, mais aussi de bases spécialisées, pour affiner le calcul de l’empreinte carbone et proposer un plan d’action détaillé afin de diminuer les émissions.
Pour conclure, il apparaît nettement que l’un des enjeux de la performance du reporting RSE dépend autant de la qualité des données, de la facilité de leur collecte que de leur consolidation. Nous croyons fermement chez Axys, que la réponse à ces enjeux nécessite une approche transverse des entreprises en termes de processus, d’organisation et d’outil. Si vous souhaitez davantage d’informations sur ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter.
Etienne CARTIER, Directeur BU Digital Data